Où en est la liberté d’instruction ?

Dimanche avait lieu la Journée Internationale Pour la Liberté d’Instruction (JIPLI). Une journée qui permet de se rassembler pour faire un état des lieux du respect de cette liberté autour du monde. 

Evidemment, avec la loi Blanquer, il y a eu du nouveau chez nous en  2019.

Avant le 26 juillet 2019, date de la promulgation de la loi pour une Ecole de la Confiance, concernant l’instruction en famille, le code de l’éducation mentionnait « l’acquisition du socle commun de compétences et de connaissances à l’issu de la période d’instruction obligatoire ». C’était donc la seule référence légale qui nous était réellement imposable.

La notion de référence aux attendus de fin de cycle du socle a fait son apparition dans la circulaire de 2017… Les circulaires étant, en schématisant, des notes de services imposables uniquement aux personnes auxquelles elles s’adressent – les fonctionnaires- il était très simple de passer outre cette notion de cycles et de défendre des choix pédagogiques plus légers lors des inspections en argumentant la possibilité de n’atteindre le socle qu’à 16 ans comme le convenait le législateur.

Aujourd’hui, l’article L131-10 a été modifié par la loi Blanquer :
« […]l’enseignement assuré est conforme au droit de l’enfant à l’instruction tel que défini à l’article L. 131-1-1. A cet effet, ce contrôle permet de s’assurer de l’acquisition progressive par l’enfant de chacun des domaines du socle commun de connaissances, de compétences et de culture défini à l’article L. 122-1-1 au regard des objectifs de connaissances et de compétences attendues à la fin de chaque cycle d’enseignement de la scolarité obligatoire »

Les attendus de chaque cycle sont donc remontés dans la loi … et nous sont donc désormais imposables.


Une instruction Cyclée soclée ?

Qu’est ce que cela signifie pour la liberté d’instruction ? Concrètement, en terme de contenu, ça ne change pas grand chose. Le socle nous a toujours été imposé. C’est donc plutôt en terme de temps que se discute l’atteinte à la liberté… 

Le socle commun est une liste d’acquisitions imposées aussi bien aux scolaires dans la création des programmes qu’aux IEF lors des contrôles. L’article L 122-1 du code de l’éducation explique qu’il est « constitué d’un ensemble de connaissances et de compétences qu’il est indispensable de maîtriser pour accomplir avec succès sa scolarité, poursuivre sa formation, construire son avenir personnel et professionnel et réussir sa vie en société. Ce socle comprend :

– la maîtrise de la langue française ;
– la maîtrise des principaux éléments de mathématiques ;
– une culture humaniste et scientifique permettant le libre exercice de la citoyenneté ;
– la pratique d’au moins une langue vivante étrangère ;
– la maîtrise des techniques usuelles de l’information et de la communication. »


Il est découpé en 4 cycles de 3 ans correspondants au niveaux maternelle pour le cycle 1, CP à CE2 pour le cycle 2, CM1 à 6ème pour le cycle 3 et fin de collège pour le cycle 4. Chaque cycle contenant des attendus spécifiques à l’âge de l’enfant et tenant compte des acquis théoriques du cycle précédent.

Si auparavant, un enfant pouvait entrer très tardivement dans la lecture sous couvert de la liberté d’instruction et d’une acquisition du socle à 16 ans. Aujourd’hui, la compétence lecture devra être acquise à la neuvième année de l’enfant, en fin de cycle 2.

Si auparavant nous avions 10 ans pour que l’enfant acquiert une compétence, aujourd’hui nous n’en avons plus que 3.

Beaucoup se plaignent de cette notion de cycle désormais légale et de son impact sur la liberté d’instruire.


Dans les faits...

Le socle n’est pas un programme de connaissances imposées, c’est une liste de compétences et aptitudes de base (qu’il serait très dommageable de ne pas inculquer à l’enfant pour son développement, son intégration dans la vie sociale et sa culture).

Les cycles représentent une progression logique et graduelle dans l’acquisition de ces compétences. Ils sont interdépendants: chaque acquisitions attendues à la fin de chaque nouveau cycle tient compte et dépend des acquisitions attendues -et supposées effectives- à la fin du cycle précédent

Par conséquent l’acquisition tardive de certaines compétences basiques bloque les acquisitions suivantes y étant relatives… et n’en rend que plus lourdes et plus précipitées ces acquisitions en fin de période d’instruction obligatoire.

Le socle quand il est pris au regard de chaque cycle est largement atteignable. Il est même loin d’être très exigeant et la majorité des compétences peuvent être acquises par des biais très divers et même non scolaires…

Que l’on comprenne et acquiert la compétence de faire des fractions avec un manuel et des fiches, avec du matériel de manipulation ou en cuisinant et découpant un quatre quart…. On fait toujours des fractions !

Qu’on étudie une période historique dans des manuels d’histoire, en allant dans un musée, en partant d’un récit ou en faisant une reconstitution en costume… On étudie toujours l’histoire !

La liberté d’instruction est là !! Nous ne sommes soumis ni aux programmes, ni aux méthodes de l’éducation nationale. 

Le socle et ses cycles sont un cadre suffisamment large pour permettre à tous d’avoir droit à une instruction respectant ses droits  et suffisamment général pour laisser le champ libre sur la façon de l’acquérir. 

Quand on le regarde bien, le socle est en réalité un strict minimum. C’est pourquoi j’ai du mal à comprendre qu’on puisse y voir une coercition. 

Nous avons toujours la liberté de nos choix pédagogiques, de la manière d’acquérir ces compétences et nous avons toute la liberté d’aller bien au delà ! 

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Les livrets individuels de compétences pour connaitre les attendus de chaque cycles:

Socle complet
Cycle 1
Cycle 2
Cycle 3
Cycle 4

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